La vie devant soi

Si l’angoisse du je-ne-sais-plus-quoi-lire vous saisit au détour d’un jour de vacances sous le soleil ou sous la pluie, il est bon de savoir que Romain Gary (Émile Ajar) a vécu et a écrit des romans.

Dans La vie devant soi, publié cinq avant que l’auteur ne s’enlève la vie, on regarde le monde à travers les yeux de Momo, un fils de pute. C’est les rues de Paris que l’on parcoure, ce sont les immigrés, les pas comme tout le monde que l’on rencontre. Le beau dans ce qu’on a l’habitude de condamner, même pas comme étant laid, mais comme étant à répudier, voire ignorer.

Surtout, on partage les vieux jours de Madame Rosa dans cet appart du sixième étage où d’autres fils de pute se retrouvent, placés là par « des femmes qui se défendent » et qui n’ont pas le droit d’être mère en vertu des bonnes mœurs…

À la recherche d’un qualificatif pour décrire ce roman, je reste coite. Tout me semble mièvre tant ce roman s’insinue en vous dès les premiers mots.

Il ne reste qu’à le lire, ce La vie devant soi, demain ou dans dix ans, quand on est prêt à prendre un dimanche pour lire tranquillement. C’est un roman comme aucun autre, un personnage comme je n’en avais jamais au grand jamais rencontré auparavant.

On en a fait des films, des pièces de théâtre, des bandes dessinées, on a tout fait avec ce roman comme aucun autre, que je recommande en format original.

 

Le livre que tout le monde a lu – 4

Un incroyable plongeon dans l’âme humaine qui secoue les idées reçues, ou mieux encore, les idées qu’on se fait du monde. Zou, à la bibliothèque, lecteurs-trices !

 

Madame Bovary. Vous la connaissez. Ou alors, vous avez passé son chemin un jour. Cette Madame Bovary pleine de charme, endettée, déçue de son mari, lassée de ses amants, incapable d’aimer sa fille, qui rêve à s’en rendre malade d’une vie de princesse mondaine qu’elle ne pourra jamais obtenir. Pour ma part, j’ai croisé deux Madame Bovary. Une personne emplit d’ambitions, un être qui a un rêve, qui travaille pour ce rêve, qui réalise ce rêve et qui est déçu. Invariablement déçu et insatisfait.

La Madame Bovary de notre époque, elle m’énerve un peu mais je ne peux m’empêcher de ressentir de la compassion pour ses rêves pathétiques de vie princière dans un monde glorifiant le commun, le médiocre, le juste-assez-pour-être-libre-de-juger toute personne qui sort du moule. Je compatis car certains de mes rêves, de nos rêves, meurent effrités par les exigences du monde et les limites de crédit des banques.

Le roman de ce cher Flaubert, condamné par le clergé lors de sa parution pour outrage aux bonnes moeurs (ils pouvaient bien parlé, ces douteux cathos…), est une lecture imposée dans nombre de collèges, ce qui en encourage peu à se frotter à la tranquillité de la vie de village à l’aube de la Belle Époque. Du courage, ce roman est un grand roman! Un incroyable plongeon dans l’âme humaine qui secoue les idées reçues, ou mieux encore, les idées qu’on se fait du monde tel qu’il était, est, sera.

Zou, à la bibliothèque, lecteurs-trices ! Et la version intégrale, si vous me permettez d’insister, vigoureusement.